Retour vers l’Age de Glaces

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L'Age de Glace

Manny, Sid et leurs amis

Cher amis, nous allons ici vous narrer les aventures d’un groupe d’animaux peu commun. Après Shrek et Monstres et Cie, l’Age de Glace suivit, pourtant il ne provient pas de gros studios comme Dreamworks ou Disney. Le long-métrage fut produit par nul autre que la 20th Century Fox. Pourtant l’échec cuisant de Titan A.E. avait incité la Fox à revoir sa copie et à fermer ses studios d’animation. Néanmoins, le projet Ice Age ne fut pas abandonné en chemin et obtint lui aussi le droit à une sortie dans les salles obscures. Tout cela n’aurait pas été possible sans l’intervention des studios Blue Sky. Une bonne initiative au vu du succès et de la qualité de la licence.

Une histoire glaciale !

 

Voici quelque 20 000 ans avant notre ère, les premiers hommes se retrouvaient bien solitaires au milieu d’un climat rude et entourés de terribles dangers. L’histoire débute dans un campement humain isolé, sur le point d’être attaqué par une horde de tigres à dents de sabre venus clamer vengeance. Effrayé, la femme du chef du village s’enfuit pour protéger sa progéniture, trophée de guerre convoité par le dangereux tigre Soto. C’est alors qu’elle croise le chemin de deux énergumènes mal assortis. La malheureuse confie son bébé avant de disparaître, emportée par le courant d’une rivière glaciale. Manny, le mammouth, et Sid le paresseux, bien étranges bonnes fées, n’ont d’autres choix que d’entreprendre un long voyage pour retrouver les hommes et leur rendre leur descendance. Mais, leur guide providentiel, Diego, le tigre, ne jouerait-il pas double jeu ?

Un road trip animalier !

Bien entendu, l’Age de Glace ne se contente pas de décrire les hommes, comme c’est le cas la plupart du temps, mais au contraire, il joue sur l’anthropomorphisme des animaux exotiques que constituent les premiers rôles du film. Il offre également la chance de croiser des gigantesques bestioles, uniquement décrites dans des manuels de paléontologie et dont on ne peut s’imaginer la taille qu’à travers le peu de vestiges qui nous restent.

Dans le film, il n’est pas question d’être absolument fidèle à la réalité. Il s’agit d’un film d’animation à vocation humoristique. Il est donc évident que les êtres représentés doivent avoir des caractéristiques proches du cartoon. Le graphisme anguleux des animaux, tout comme le traitement accordé aux scènes d’action, d’une rapidité et d’un dynamisme à vous couper le souffle.

Toutefois, le travail des animateurs, quant à leurs mouvements généraux, s’est calqué sur celui des animaux encore vivants à l’heure actuelle. Ainsi, les tigres se meuvent d’une manière somme toute carnassière. Les différents animaux croisés par nos héros sont tous plus amusants, les uns que les autres, à part peut-être les tigres. Mais leur façon de jouer les gros-bras ne peut empêcher d’esquisser un léger rictus. Evidemment la vedette revient à Sid et à Manny. Ce dernier est la caricature même du vieux ronchon, gentil mais bougon, dont le seul plaisir est de ne pas faire comme tout le monde. Mais dès qu’un plus petit que lui a besoin d’aide, il ne peut s’empêcher d’intervenir, comme si de rien n’était.

C’est ainsi qu’il aidera, un peu malgré lui, l’indécrottable Sid. Ce volubile et exaspérant personnage est un drôle de paresseux. Abandonné par les siens la veille de la grande migration vers le sud, il continue tout de même à causer des catastrophes et à se mettre dans des situations extrêmement inconfortables.

Forcément, sa rencontre avec le mastodonte lui offre une occasion rêvée de jouer au parasite. La quête engendrée par l’arrivée du bébé va finir par les rapprocher, situation rencontrée dans maints films, mais qui apporte son lot de saynètes cocasses.

À ce couple déjà hétéroclite vient s’ajouter une âme fourbe, mais qui introduit la raison dans le groupe. Diego est un peu le maillon faible du clan de Soto. Il se laisse assez vite attendrir, d’une part parce que tout seul il n’a pas beaucoup de chance de se mesurer à Manny, mais surtout parce qu’il découvre un groupe d’être vivants apparemment sans aucun lien, dans lequel règne la bonne entente et la fraternité malgré les piques, chose qu’il n’a jamais connue par le passé.

La technique venue du bleu glacial

A l’origine le projet devait être réalisé en 2D et Don Bluth, créateur de Fievel, avait été contacté dès 1997. Le premier jet avait trop d’action, tandis que le deuxième faisait un peu trop d’allusions sexuelles. Finalement le réalisateur choisi pour se charger du film dans sa version 3D, Chris Wedge, s’est dit que l’on pouvait toucher les adultes sans ces allusions. Si on compare, l’Age de Glace à son contemporain Monstre et Cie, il est évident que la qualité n’est pas tout à fait identique. Tout d’abord, certaines textures sont peu réussies comme le couffin du bébé et la peau des rhinocéros. Par contre le pelage des animaux est exceptionnellement crédible.

Hélas, ces mêmes poils ne bougent que peu ou pas du tout. Pourtant les productions de cette époque se sont efforcées de maîtriser ce problème et faire bouger les poils indépendamment. Dans l’Age de Glace, les poils bougent par ensemble de plaques. Cette économie de mouvements ne gêne en aucun cas le film, grâce à une mise en scène particulièrement réussie.

N’oublions pas que Chris Wedge, le réalisateur, signe icison premier longmétrage. Jusqu’à lors son studio d’animation 3D, Blue Sky, ne s’était jamais attaqué à une expérience aussi ambitieuse. Cependant, son travail avait déjà été oscarisé, grâce à un court métrage mettant en scène un lapin géant nommé Bunny. Le parti pris de Wedge n’était pas de rendre le tout réaliste, mais de s’amuser à créer des êtres crédibles et drôles dans un univers réaliste.

Celui-ci a une part artistique dans sa composition, allant même au-delà du simple travail de la lumière, une des grandes qualités du talent de Wedge qui a lui-même participé à la mise au point du logiciel d’éclairage du studio, le Ray Tracing, qui simule les nuances subtiles de la lumière naturelle. Le film a demandé un remaniement des studios qui fut financé par la Fox et dont le personnel a augmenté de 70 à 170 personnes. Le rendu en 3Da été fait par NURBS, l’instrument standard pour la représentation et la géométrie à l’époque.

De plus, le film a nécessité 3000 prises de vues pour une trentaine de séquences. Les animaux ont constitué un défi sans précédant pour les animateurs. Afin de crédibiliser Manny et son lourd pelage, il a fallu faire preuve d’imagination. Une épreuve de taille pour le character-designer Peter de Sève connu pour son travail sur des œuvres comme l’Ile au Trésor, Mulan, le Prince d’Egypte, Finding Nemo.

De plus, l’équipe ne pouvaient pas s’appuyer sur aucun précédant d’autant plus que le mammouth est une créature inédite dans l’histoire du dessin animé. Le dit mammouth s’est révélé infiniment plus compliquer à dessiner qu’un banal éléphant. Son poil a ainsi un aspect duveteux, très éloigné de celui de Diego, par exemple, qui, lui, est juste un peu plus allongé que celui d’un lion. Ce dernier possède un faciès anguleux destiné à mettre en avant son incroyable dentition. Sa mâchoire est complètement décalée vers le bas et l’avant du visage lui donne un air effrayant. Ses yeux accentuent encore davantage cette caractéristique, surtout lorsqu’il est à l’affût. Le problème que ce personnage a posé se situe au niveau de sa morphologie. Très musculeux, il lui fallait se mouvoir avec une terrifiante rapidité, tout en n’ayant pas l’air trop statique ou du moins rocailleux lorsqu’il est au repos.

Quant à Sid le paresseux bavard, il devait être un compromis entre statisme et dynamisme constant. Sa flexibilité devait être mise en valeur et il fallait qu’il parle à toute allure. Contrairement à ses semblables, il arrive également à Sid de se mouvoir assez rapidement lorsque la situation l’exige. Il n’en paraît pas moins léthargique, d’autant plus qu’il remue très peu les bras. Pour réaliser son film, Wedge s’est bien évidemment largement documenté et s’est entretenu avec des paléontologues et des archéologues dont la seule demande expresse fut que l’équipe n’introduise pas de dinosaures dans cette histoire, l’espèce s’étant éteinte 350 millions d’années plus tôt. Mais, le réalisateur a tout de même trouvé une habile façon de détourner l’obstacle et par là s’offrir le luxe de faire un rapide abrégé de l’évolution.

La fin d’un gland !

Malgré sa durée assez courte, le film tient toutes ses promesses grâce à un scénario dense et très bien conçu. L’aventure et les relations entre les personnages passent à travers de nombreux rebondissements. Ces derniers se retrouvent enchaînés à un train d’enfer sans pour autant lasser le spectateur et sans tomber dans l’excès inverse, à savoir un rythme effréné et trop fatiguant. L’Age de Glace est un film qui sait mêler tous les genres avec brio et intelligence. A la manière d’un road movie, le spectateur est trimballé au gré des pérégrinations, des rencontres, des dangers et des interrogations rencontrés par les héros.

Le monde des glaces offre mille paysages grandioses et de nombreuses occasions de rire ou de frissonner, parfois de pleurer. Les pièges mais aussi les moments d’extase sont nombreux. L’humour décalé ajoute beaucoup au scénario, tout comme la manière de faire vibrer la corde sensible, sans mièvrerie. Le film est tout public, mais n’oublie pas les plus grands qui sont plus à même de voir ce qui est sous-jacent. Rien n’a été laissé au hasard est même le casting des voix apporte une plus value conséquente.

Manny est incarné par Gérard Lanvin, Sid par Elie Semoun et Diego par Vincent Cassel. Les gags et allusions diverses sont saupoudrés régulièrement sur l’écran, tout en constituant un savant dosage qui maintient l’attention du spectateur tout au long du film, sans temps morts, ni regrets. Quand vient la fin, on est rassasié et heureux. L’Age de Glace est un rafraîchissement glacé à consommer sans aucune modération.

 

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Nico

Auteur des articles, c'est une vraie encyclopédie à lui tout seul ! Passionné de BD, mangas, japanimation, depuis sa plus tendre enfance. Biberonné dès son plus jeune âge par les émissions jeunesse comme Récré A2 et le Club Dorothée. Voulant faire profiter le public profane autant que les experts, notre auteur a toujours eu à l’esprit de transmettre son savoir encyclopédique sur les dessins animés, au plus grand nombre. Son anime préféré n’est autre que Neon Genesis Evangelion du studio Gainax, qui reste pour lui une œuvre charnière, dans le sens où elle lui permit de découvrir l’immensité de l’univers du dessin animé japonais.

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