Arjuna : la série qui sauve la planète !

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Ironie du sort ! C’est au moment où le Japon connaît des problèmes de catastrophes naturelles les plus graves depuis une dizaine d’années qu’il se doit de voir la série Arjuna. Mettant l’accent sur la fragilité de notre écosystème, la série Arjuna n’est pas qu’un simple dessin animé à tendance écologique. C’est aussi une bien belle fable qui donne à réfléchir sur nos comportements de la vie de tous les jours.

Arjuna - Earth Girl

Arjuna

S’il vous plaît ! Sauvez ma petite planète bleue !

Diffusé du 9 janvier au 27 mars 2001 sur TV Tokyo, Chikyû Shôjo Arjuna de son vrai titre ou Earth Girl Arjuna en anglais, a le mérite de ne pas proposer d’intrigues bêtifiantes et vaguement pédagogiques à la Captain Planet (dessin animé américain qui nous apprenait à l’époque le tri sélectif). Arjuna possède pour le coup un scénario des plus aboutis !

L’histoire commence dans un Japon contemporain et met en scène Juna Ariyoshi, une lycéenne somme toute assez banale. Elle pratique sans grand succès le tir à l’arc et passe la majeure partie de son temps libre à sortir et à discuter avec Tokio Oshima. C’est un type plutôt cool, proche de Juna et qui se verrait bien devenir son petit ami. Il décide un jour de l’emmener voir la mer avec sa moto, et là, c’est le drame ! Au cours de la promenade, les deux adolescents sont victimes d’un violent accident. Si Tokio en réchappe miraculeusement, ce n’est malheureusement pas le cas de Juna qui succombe des suites de ses blessures, peu après avoir été transportée à l’hôpital.

L’esprit de la jeune fille quitte alors son corps et se met à errer dans l’espace. Pendant quelques instants, une vision apocalyptique de l’avenir de la Terre s’offre à elle. C’est un spectacle où la planète se meurt, dévorée par les problèmes d’ordre écologique. Un mystérieux garçon apparaît à Juna et lui propose de la ramener à la vie à condition d’accepter de protéger la Terre. En effet, la Terre est menacée de destruction par les Raajas, sortes de monstres de couleur rougeâtre, et Juna se voit proposée de les combattre en endossant le rôle d’avatar du temps. Elle acquiesce sans trop se poser de question et se réveille soudainement, à la grande stupeur des médecins et de Tokio.

Attirée par on ne sait quelle sensation, elle se précipite hors de l’établissement et embarque dans un hélicoptère où elle fera la connaissance des membres du SEED, une organisation luttant contre les Raajas. Elle fait alors la connaissance de Chris Hawken, un jeune homme doué de télépathie à qui elle doit sa résurrection, et de Cindy Klein, son interprète. Elle se verra également remettre la goutte du temps, une pierre qui lui confère les pouvoirs et les forces de la Terre ainsi que la possibilité de se transformer en une créature mythique et lumineuse appeler Arjuna. Mais saura-t-elle faire face aux mauvais esprits qui menacent la planète et se montrer à la hauteur de la mission de purification qui l’attend désormais ?

Des personnages attachants

Juna est un personnage intéressant à plus d’un titre. D’avantage concernée, comme toutes les filles de son âge, par des problèmes sentimentaux que par la santé de la Terre, elle est naïve et inexpérimentée au début de la série. Elle s’attire immédiatement la sympathie du téléspectateur qui, avec elle et à travers elle, découvre peu à peu l’ampleur des maux qui rongent notre espace de vie. La série s’apparente à une sorte de voyage initiatique et au fil des épisodes et de ses aventures, on prend conscience de l’importance de certaines préoccupations environnementales, que ce soit nucléaire, la pollution de l’eau, la déforestation ou les OGM. Comme l’héroïne – lâchée en pleine nature pour apprendre à connaître ses pouvoirs et être en symbiose avec ce qui l’entoure – on s’aperçoit de la nécessité de vivre en respectant notre monde. Chris, enfant aux rides de vieillard et véritable mentor qui enseigne la plupart des choses à Juna, semble d’ailleurs totalement personnifier la planète bleue, lui-même assailli par la maladie et luttant contre une mort inévitable.

Mytho mais pas trop

Saviez-vous que dans la mythologie hindoue postvédique, Arjuna est le fils d’Indra, figure principale du Bhagavad-Gîtâ. Ce personnage apparaît dans un épisode du Mahabharata, équivalent de la bible dans cette religion. Dans ce long poème, le guide divin Krishna enseigne le yoga karma à Arjuna qui est armé d’un arc appelé Gandiva, comme dans l’anime. Par ailleurs, dans les moments délicats, Arjuna peut  faire appel à la créature protectrice du temps, Ashura. Or, ce nom désigne au Japon les esprits errant de ceux qui sont morts après avoir été en proie au désir et à la passion dévorante et illusoire, et dans la mythologie brahamanique, il caractérise un anti-dieu. Outre l’influence non dissimulée de la mythologie dans Arjuna, on peut noter l’utilisation d’un certain symbolisme comme avec le yin-yang taoïste qui sert de bouclier protecteur à Juna. On notera aussi qu’elle porte au front le magatama, petite pierre étant à l’origine, un bijou magique de la divinité Amaterasu. Ils expriment à la fois la dualité, le complémentarité universelle et le renouveau cyclique, thématique inhérente aux enjeux présents dans la série.

Notre société en toile de fond.

Le Monde tel qu’il est dépeint dans Arjuna est assez dérangeant et le portrait de notre société actuelle y est peu flatteur. Outre le thème de l’écologie, l’anime met l’accent sur les rapports humains et d’autres sujets plus ou moins graves de notre vie quotidienne, comme L’IVG ou les problèmes alimentaires. A travers eux, la série critique une civilisation moderne fortement individualiste et recherchant à tout prix la facilité. Serions-nous des assistés ignorant tout des vérités universelles du monde dans lequel nous évoluons ? Telle est la question qui semble se dégager en filigrane dans cette série qui, sans nous faire la morale ni nous mettre devant le fait accompli, invite tout un chacun à se prendre en main pour que demain ne ressemble pas aux visions apocalyptiques de l’héroïne. L’humanité n’est pas perdue si elle devient responsable, et c’est ce que suggère la fin optimiste et pleine d’espoir de la série. On avait un peu tendance à oublier les soucis liés au réchauffement climatique, à la pollution de l’air ou à la dégradation de l’environnement, et il est bon qu’enfin un anime digne de ce nom vienne réveiller notre fibre écolo.

Une série techniquement irréprochable

Si le combat entre Arjuna et les Raajas constitue l’axe majeur du dessin animé, il est impossible de passer à côté de sa thématique ouvertement écologique. Les auteurs ont voulu défendre leurs engagements et leurs positions non seulement à travers le fond, mais aussi dans la forme, privilégiant les scènes de modélisation en 3D produites par le studio Satelight à l’animation traditionnelle à base de celluloïds. L’image de synthèse se fait très présente pour un résultat qui saute aux yeux tout de suite. L’animation offre des effets extraordinaires, notamment lors des passages d’action.

En plus d’être techniquement irréprochable, la série jouit de la réalisation de Shôji Kawamori, l’homme de Macross et d’Escaflowne. Mais aussi du character design Takahiro Kishida, connu pour avoir travaillé sur Lain. Sans oublier la gracieuse voix de Maaya Sakamoto et la sublime, que dis-je, la transcendantale composition musicale de Yoko Kanno, qui donne aussi de la voix sur certains titres.

Cette série arrive sans mal à nous faire cogiter sur notre société actuelle. Et rien que pour ça, Arjuna est une œuvre à classer d’office d’utilité publique ! Allez, on se quitte en musique en attendant le prochain article ! Essayez de ne pas sortir vos mouchoirs ! Snif…


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Nico

Auteur des articles, c'est une vraie encyclopédie à lui tout seul ! Passionné de BD, mangas, japanimation, depuis sa plus tendre enfance. Biberonné dès son plus jeune âge par les émissions jeunesse comme Récré A2 et le Club Dorothée. Voulant faire profiter le public profane autant que les experts, notre auteur a toujours eu à l’esprit de transmettre son savoir encyclopédique sur les dessins animés, au plus grand nombre. Son anime préféré n’est autre que Neon Genesis Evangelion du studio Gainax, qui reste pour lui une œuvre charnière, dans le sens où elle lui permit de découvrir l’immensité de l’univers du dessin animé japonais.

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